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Le pavillon des délires
21 septembre 2007

Le larbinisme à portée de main !

Etre un larbin, mode d’emploi

Guide pratique de la servilitude quotidienne par TheEdgeWalker

Avant toute chose, sachez que cet article s’adresse avant tout aux personnes ayant oublié jusqu’à la définition d’ « amour propre », le genre de personne qui, par obligation ou par désir de plaire, serait prêt à s’arracher un rein à main nues juste pour voir son tyran le jeter à la poubelle car finalement, non, il ne conviendra pas pour la greffe.

Vous poursuivez toujours la lecture ? Bien.

Vous êtes donc un larbin dans l’âme. Un vendu, une loque humaine, un lâche, un vil pleutre sans honneur et sans une once de fierté. Mais cela ne vous suffit pas, vous voulez que votre talent soit enfin reconnu , que les sévices corporels que vous vous infligez ne passent pas inaperçus, bref, que votre travail soit enfin apprécié à sa juste valeur !

Voici donc un petit guide qui vous permettra d’atteindre vos objectifs.

Tout d’abord, sachez être modéré. Il faut savoir ne pas trop en faire pour ne pas vous épuiser (même si au fond de vous, vous vous en contrefichez) et surtout pour ne pas épuiser votre chef/patron/esclavagiste/tyran (rayez les mentions inutiles) adoré. Car même si ce n’est pas évident à première vue, un tyran (je ne garderai que ce nom commun pour designer tous ceux qu’il englobe) peut ne pas apprécier trop de servilitude. Non pas que cela finisse par les atteindre de voir quelqu’un souffrir physiquement à longueur de temps (vous oubliez leur cœur de pierre !) mais c’est plutôt qu’ils finissent par s’en lasser. A force de voir des démembrements, des arrachages d’orbites, des avalements de boue et d’excréments, j’en passe et des meilleures, un tyran peut finir par ne plus y faire attention. Tous vos efforts, y compris le fait de porter ce magnifique habit en clous rouillés que vous avez confectionné vous-même, deviendraient alors inutiles ! Vous devez donc apprendre à vous économiser, à ne vous punir que lorsque c’est réellement nécessaire et que votre tyran va réellement apprécier le spectacle. Certes, ce n’est pas chose facile et cela demande du temps pour bien analyser le comportement de votre tyran. Mais ne vous en faites pas, vous avez l’éternité devant vous si votre tyran possède les moyens de vous cloner à l’infini (il faut bien qu’il profite éternellement de vos bons services…) !

 

Deuxièmement, l’originalité. Je ne doute pas que nombre d’entre vous larbins devant l’éternel s’estiment uniques, voire irremplaçables : « Personne d’autre que moi n’aurait eu l’idée de faire envoyer à son tyran une lettre de reniement écrite par mes propres parents ! » ai-je déjà entendu. Et bien c’est faux. Au cas où vous ne le sauriez pas, vous n’êtes pas le premier larbin de l’Histoire. Il y en a eu nombre avant vous et ceux qui vous suivront à servir différents tyrans ne se comptent plus… Nombres de vos fantastiques idées pour vous rabaisser aux yeux de tous risquent fort d’avoir déjà été trouvée bien avant votre naissance !

Je me souviens encore de mon ami Guerlain le gueux, qui se vantait d’avoir inventé l’humiliation suprême pour son tyran, le terrible Olaf Terribloën III. Ce dernier avait une collection de poissons exotiques tous plus redoutables et venimeux les uns que les autres. Et bien Guerlain avait eu l’idée soi-disant inédite de réunir les meilleurs fouetteurs du palais non loin du bassin, avant de donner aux poissons une drogue qui le rendrait fous furieux. Il profita alors d’un passage de son tyran devant son aquarium pour y faire un plongeon. Les plus carnivores des poissons se jetèrent alors sur le gueux tandis que les plus pacifiques d’entre eux attendirent que son sang commence à couler pour l’attaquer. Se débattant pour échapper aux poissons fous, Guerlain vit qu’il avait capté l’attention de son tyran. Il passa alors à la seconde phase de son plan : il fit ce qui semblait indispensable pour échapper aux créatures aquatiques : il commença à les manger. Bien que les poisons lui brouillaient les sens, il entendait parfaitement les hurlements de rage de son tyran voyant sa collection partir dans l’estomac d’une répugnante vermine humaine. Pour faire cesser cela Olaf ordonna à ce qu’on brise l’aquarium. Guerlain atterrit dans un torrent rouge aux pieds de son tyran, le corps marqué de coups de dents vicieux et le visage boursouflé, violacé par les poisons. Il lança à son maître un regard plein de soumission, pour lui faire comprendre qu’il acceptait sa punition. Qui ne tarda pas à arriver sous la forme d’un fouettage par tous les fouetteurs du tyran (qui étaient comme par hasard sur place) jusqu’à ce que mort s’ensuive. C’est là qu’intervint la troisième astuce de Guerlain : les arêtes des poissons, savamment disposées dans son estomac par une technique d’avalement de la nourriture longuement travaillée, lui perforaient les chairs à chaque coup de fouet. La souffrance était démultipliée ! Son triomphe était total, pensait-il. Hélas, trois fois hélas ! Enfonçmoadévis, célèbre serviteur de Ramsès II avait déjà eu l’idée avec la collection de scorpion du pharaon ! Ainsi, au lieu de voir la joie sadique d’infliger un châtiment mérité, Guerlain ne vit dans le regard de son maître que la dureté de l’ennui…
Prenez donc ce conseil bien au sérieux : soyez réellement originaux ! Et pour éviter la redite, rien de tel que de consulter les annales du métier de larbin. La Petite Histoire a toujours été consignée par des gens encore plus petits…

A ces deux conseils principaux s’ajoutent quelques recommandations d’usage, comme utiliser du bon matériel pour l’automutilation (le métal doit toujours être rouillé !), chercher la punition quand elle peut être justifiée (pour que le tyran conserve sa crédibilité) ou encore ne pas sous-estimer l’avantage d’une infirmité permanente…

Voilà, avec tout ça, vous êtes bien préparés pour votre future carrière ou prêts à lui donner un coup de boost pour ceux qui sont déjà dans le métier. Et si vous avez des conseil, des avis à faire partager, n’hésitez pas !

Bonnes souffrances à tous !

TheEdgeWalker, premier de sa promo en larbinerie appliquée, lauréat du prix de l’autodénigrement 2005.

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Commentaires
L
Devant le génie de cet article, et vu le nombre mirobolant de personnes consultant chaque heure le blog des fous, certaines personnes ne semblent pas avoir compris le but de cet article et m'ont envoyé (et c'est tout à mon honneur) des lettres de recommandation pour entrer dans la meilleure des école d'ingénieurs en larbinerie appliquée. Après tout, quoi de plus normal vu qu'aujourd'hui, la récompense du Leto se hisse aux côtés des prix Nobel, mais pour récompenser le meilleur larbin de l'année.<br /> <br /> Cependant, cette affluence de lettres me met un doute quant à la compréhension de ce mode d'emploi du larbinisme: ce n'est en aucun cas une incitation aux gens à devenir larbin.<br /> Ca tendrait même à faire le contraire.<br /> Car même si vous me dites "j'ai les qualités nécessaires pour être larbin, je suis créatif", vous méprisez honteusement la noblesse des larbins.<br /> <br /> Etre larbin, ce n'est pas un métier, c'est avant tout un art. <br /> Quiconque pense le contraire n'a rien compris à la nécessité de cet article: il est là pour conduire les gens prédestinés au larbinisme (car comme tout art, il faut avoir un talent inné) sur la voix ultime faisant de nous des grands Larbins avec un l majuscule.<br /> <br /> C'était une parenthèse qui valait d'être souligner: ne pas prendre à la légère le métier de larbin, il n'est pratiqué que par des gens dont les capacités mentales sont assez importantes pour pouvoir supporter tant de génie créatif.
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