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Le pavillon des délires
21 novembre 2006

Misogynie du langage : de la nécessité d’un féminin au mot « tyran ».


[Note préalable: cet article est repris du précédent pavillon des fous, et originellement daté du 12 juin 2006]


Il est des circonstances où le langage ne remplit plus son office. Cela se produit lorsque l’écart constaté entre le mot employé et la chose qu’il désigne est tel que la relation entre les deux parait comme brisée. Ce décalage pourtant inhérent à tout acte de communication, cette évidente séparation entre le Signe et son Référent le plus souvent acceptable et acceptée semble pourtant parfois prendre l’aspect d’un gouffre infranchissable. C’est un de ces cas que nous nous proposons d’observer aujourd’hui, directement puisé dans le fonctionnement même de ce blog.

En effet, notre chère responsable se présente elle-même fréquemment comme un tyran, les tronçonneuses greffées sur ses mains illustrant vigoureusement ses prétentions hégémoniques et ses méthodes violentes. Peut-on alors encore tolérer cela ? C’est tout l’enjeu que je permets de soulever ici. Car non, évidement non, le « tyran » ne peut passer, et il faut avec la plus grande énergie s’opposer à son extension. Halte aux abus ! Halte aux impropriétés ! Levons tous ensemble pour la reconnaissance de droits nouveaux, plus justes et plus larges. Militons pour que « tyran » soit doté d’un réel féminin afin de respecter la pleine mesure de notre chère tutrice. Car c’est lui faire injure, mesurons-le précisément, et donc encore son courroux, que de la nommer « tyran » sans faire effort pour lui accorder une spécificité générique. La langue doit se plier à l'évolution de la nature et de la société...

Alors, oui, quelques esprits chagrins se contenteront de signaler le rarissime et paresseux «tyranne» apparu au 16è siècle dans notre chère langue. Mais l’on ne peut se contenter d’une si médiocre suffixation du masculin. Examinons donc l’origine et la signification du mot « tyran ». Issu du latin tyrannus,  il constitue un emprunt au grec turannos désignant un maître absolu dont le pouvoir n’est légitimé par aucune loi, et s’emploie d’abord pour évoquer Zeus. Il s’oppose au monarkhos et au basileus, rois connotés positivement. Le tyran est donc par nature un terme péjoratif : il dénote le despote, l'usurpateur, etc. Mais la cruauté n’est pas dans les sens immédiats du terme. On voit là déjà poindre à la fois les correspondances et les écarts avec notre modèle du blog… Mentionnons quand même cette hypothèse séduisante mais contestée liée à son origine: « tyran » viendrait de l’étrusque turan, désignant Vénus par l’idée de maîtresse…

Il nous faut donc un terme qui féminise le mot tyran, et qui soit susceptible de désigner précisément la terrible Liloo dont la nature complexe ne peut se résumer à la définition du terme, et qui ne tolèrerait certainement pas de se voir simple objet d’une féminisation lexicale. C’est pourquoi ici et maintenant, devant vos yeux ébahis et consternés, je me propose de forger un néologisme à même d’évoquer cette identité trouble et menaçante. Partant de la racine du masculin, je lui donnerais une pseudo désinence latine : du tyrannus je ferais tyranna. Mais comme l’on ne peut se satisfaire d’un tel artifice, je modifierais une simple lettre du mot pour l’alimenter d’un autre imaginaire à mon sens éloquent concernant notre despote : le second n deviendrait h, pour former le terme « tyranha » dont l’analogie avec les piranha, ces charmants poissons aux dents tranchantes comme des rasoirs, rappellera avec bonheur les attributs tronçonneurs de notre chère et peu tendre Liloo.

Gloire à notre Tyranha donc ! Que son nom et son titre soient chantés à travers toute la toile ! Et que son caractère, sa personne soient la meilleure définition du terme qui vient d’être créer pour elle !! Et mort, au passage, à cet usage sclérosant et convenu du langage incapable de rendre l’ensemble des subtilités de la nature humaine…

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Commentaires
S
Et bien!pour que le lettré seleniel aille jusqu'à changer la langue française Liloo doit être vraiment terrible!! (mais qui ne le serait avec des tronsonneuses aux bouts des bras?).<br /> Terrible certes mais elle (et vous) a(vez) un blog digne de l'élite des hôpitaux psychiatriques!!<br /> Gloire aux fous donc et bonne continuation!
C
Dis donc, quelle logique, il faut dire que je n'y aurai jamais pensé.<br /> C'est vrai que "tyranne" fait un peu tâche dans notre langue, donc c'était une bonne idée de reformer ce terme. Et puis, le coup des piranhas est bien joué, puisqu'ils sont réputés pour être féroces (et tranchants, comme Liloo ^o^).<br /> Donc bon maniement de mots ! <br /> Quand à moi j'en ai un : "Tiens, un canard dans le coin !".
Le pavillon des délires
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